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quelque peu d’arquebusade ; mais j’en fus quitte pour la peur.

» Je piquai des deux avec mon bataclan, qui me sonnait au derrière comme la ferraille d’un chaudronnier du Limousin.

» Cependant, tout allait bien, et je m’en revenais tranquillement par la traverse, pour ne point passer dans cet équipage par la ville de La Châtre ; mais j’eus à passer la Couarde, sur le pont du chemin d’Aigurande, et c’est alors que je me trouvai en face d’une bande de dix à douze reîtres qui se dirigeaient vers la ville.

» Ce n’étaient que des maraudeurs ; mais ils avaient avec eux un des plus méchants partisans de ce temps-là, un certain drôle dont le père ou l’oncle avait le commandement de la grosse tour de Bourges, et se faisait appeler le capitaine Macabre.

» Ce garçon, qui était à peu près de mon âge, mais qui était déjà vieux en malice, servait de guide à tous les pillards qui voulaient bien lui laisser faire sa main avec eux. Je l’avais quelquefois rencontré, et il savait bien que, m’étant battu pour les calvinistes, je ne devais point être traité en ennemi par ces Allemands. Mais, à voir mon chargement, il me crut de bonne prise, et, se donnant un air de capitan, il me commanda de mettre pied à terre et de livrer cheval et bagage à ses gens, qui s’intitulaient, pour lors, cavaliers du duc d’Alençon.

» Comme ils ne savaient pas un mot de français, et que le fils Macabre leur servait de truchement, il eût été bien inutile de vouloir parlementer. Sachant à qui j’avais affaire, et qu’après m’être soumis et laissé démonter, je serais bien battu et peut-être arquebusé, par manière de