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à Mario, mais rien de ce qu’ils doivent encore ignorer.




XVII


Mario prit la parole, enchanté d’avoir à s’expliquer, mais sans impudence ni manière, avec toute la candeur de sa grâce naturelle et de son beau regard.

— Nous étions bien heureux là-bas, dit-il ; il y avait des grottes, des cascades, de grands pics et de grands arbres ; tout était bien plus grand qu’ici, et l’eau y faisait beaucoup plus de bruit. Ma mère gardait des vaches très-bonnes, et elle teignait et filait de la laine pour faire de la toile de laine très-forte. Voyez mon bonnet blanc et sa cape rouge ! C’est des étoffes de chez nous. Moi, je travaillais aussi. Je faisais des paniers, oh ! je sais très-bien les faire ! Si je reviens chez vous pour être gentilhomme, vous verrez ! c’est moi qui ferai tous les paniers de la maison !

» Tous les jours, pendant deux heures, j’apprenais à lire et à parler espagnol et français avec M. le curé Anjorrant. Il ne me grondait jamais, il était toujours content de moi. Jamais on n’a vu un homme si bon ! Il m’aimait tant, que ma mère en était quelquefois jalouse. Elle me disait : »

— Tiens, je parie que tu aimes mieux le prêtre que moi !

» Mais, je lui disais : »

— Non, va ! je vous aime autant l’un que l’autre. Je vous aime tant que je peux. Je vous aime grand