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son délabrement et de sa nudité, qui attestaient l’incurie de l’ancien desservant, l’indifférence du châtelain et la tiédeur des paroissiens.

Bois-Doré, dont l’abjuration réelle ou prétendue n’avait fait aucun bruit, n’avait pas songé à signaler son retour à l’orthodoxie par des dons à l’église du village et des largesses au chapelain. Ses vassaux, qui haïssaient les huguenots, n’avaient pas salué son retour définitif, en 1610, par des réjouissances bien sincères ; mais leurs suspicions avaient vite fait place à un grand attachement, vu qu’à la place d’un régisseur qui les pressurait, ils avaient trouvé un seigneur débonnaire et prodigue de bienfaits.

On était donc médiocrement dévotieux au hameau de Briantes ; et les paysans ayant contesté je ne sais quelle dîme à je ne sais quelle moinerie, l’archevêque leur avait envoyé un homme très-bien stylé, tant pour ramener ces mauvaises gens aux bons principes, que pour surveiller les opinions du châtelain.

Le pieux Sciarra s’agenouilla dans l’église et murmura quelque formule de prière ; mais il ne se sentit pas disposé à prier avec le cœur, et il sortit bientôt pour se rendre chez le recteur.

Il n’eut pas la peine d’aller chez lui ; car il le vit sur la place, causant avec Bellinde, et il eut le loisir de l’examiner.

C’était un homme encore jeune, d’une figure bilieuse, doucereuse et dissimulée. Probablement, les préoccupations du monde temporel étaient aussi vives chez lui que chez d’Alvimar ; car il n’eut pas plus tôt aperçu, sortant de l’église, cet élégant et grave étranger, qu’il ne songea plus qu’à se demander qui ce pouvait être.

Il savait fort bien déjà qu’un hôte nouveau était arrivé la veille au manoir, car il n’avait guère d’autre occupation