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Sur les bords de l’Indre, qui devient tout à fait ruisseau à mesure qu’on remonte vers sa source, les fleurs sauvages croissent avec une abondance réjouissante à voir[1]. Le ruisselet tranquille et clair a déchiré tous les terrains qui gênaient sa marche et formé des îlots de verdure où les arbres poussent avec vigueur. Trop serrés pour être imposants, ils étendent sur l’eau une voûte de feuillage.

Autour du hameau, le sol est fertile. De magnifiques noyers et une quantité d’arbres fruitiers de haute taille en font un nid de verdure.

La majeure partie des terres appartenait à M. de Bois-Doré. Il affermait les bonnes ; les mauvaises étaient son pays de chasse.

M. d’Alvimar, après avoir exploré cette petite contrée, qui, par son isolement et l’absence de communications, lui faisait espérer aussi l’absence de rencontres inquiétantes, rentra dans le hameau et se demanda s’il irait rendre visite au recteur.

Il était échappé à M. de Beuvre de dire devant lui à Bois-Doré :

— Et votre nouveau paroissial ? fait-il toujours des sermons dans le goût de la Ligue ?

Ce mot avait donné l’éveil à l’Espagnol.

— Si cet ecclésiastique est zélé pour la bonne cause, pensait-il, il peut m’être utile de l’avoir pour ami ; car ce de Beuvre est un huguenot, et le Bois-Doré, avec sa tolérance, ne vaut pas mieux. Qui sait si je pourrai vivre en bonne intelligence avec de pareilles gens ?

Il commença par visiter l’église, et il fut scandalisé de

  1. C’est un des rares endroits du pays où l’on trouve encore la balsamine sauvage à fleurs jaunes.