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et charmé Jean-Jacques Rousseau ; enfin, il ne faut pas oublier qu’à la veille de la Terreur, l’habile graveur Moreau mettait encore dans ses compositions des dames qui s’appelaient Chloris et des messieurs qui s’appelaient Hylas et Cidamant. Seulement, ces noms illustres étaient portés, dans la vignette et dans la romance, par des marquis de fantaisie, tandis que les nouveaux bergers se nommaient Colin ou Colas. On avait fait un petit pas vers le réel ; la bergerie n’en valait pas mieux : d’héroïque, elle était devenue grivoise.

D’Alvimar, voulant se faire une idée du pays environnant, traversa le hameau, qui se composait d’une centaine de feux, et qui est littéralement situé dans un trou. Il en est ainsi de beaucoup de ces vieilles localités. Quand elles ne sont pas assez fortes pour percher, fières et menaçantes, sur les hauteurs escarpées, elles semblent se cacher à dessein dans le creux des vallons, comme pour échapper à la vue des bandes de maraudeurs.

Cet endroit est, au reste, un des plus jolis du bas Berry. Les chemins de gravier qui y aboutissent sont bons et propres en toute saison. Deux jolis petits ruisseaux lui font une défense naturelle qui put être mise à profit jadis pour le camp de César.

Un de ces ruisseaux alimentait les fossés du château ; l’autre, au-dessous du village, traversait deux petits étangs.

L’Indre, qui coule à trois pas de là, reçoit ces eaux courante ; et les emmène le long d’une étroite vallée coupée de chemins creux, ombragés et parsemés de terrains vagues et incultes d’un aspect sauvage.

Il ne faut pas chercher la grandeur, mais la grâce dans ce petit désert, où les beaux terrains vierges, les buissons, les folles herbes, les genêts, les bruyères et les châtaigniers vous enferment de toutes parts.