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DU TOUR DE FRANCE.

à cet effet, devant la porte d’une petite maison située à la sortie du faubourg et décorée de cette inscription : Le père Labrique, maréchal-ferrant, loge à pied et à cheval, vend son, foin, avoine, etc.

La nuit tombait toujours, et la peur de Joséphine allait en augmentant. Dès qu’elle vit l’Automédon à bas de son siége, occupé à discourir avec les gens de la maison qui lui apportaient en même temps une mèche de fouet et un petit verre d’eau-de-vie, elle résolut de descendre de la voiture et de retourner à la ville demander à sa cousine un homme pour la conduire, ou l’hospitalité jusqu’au lendemain. Il n’y avait pas à espérer que Wolf, qui avait, comme de juste, la prétention d’être absolument à jeun, consentit à écouter ses plaintes. Elle appela donc quelqu’un pour lui ouvrir la portière. — Monsieur, cria-t-elle à tout hasard à un homme qu’elle vit arrêté au milieu du chemin, ayez l’obligeance de m’aider à sortir de ma voiture. Avant qu’elle eût achevé sa phrase, la portière était ouverte, et un cavalier respectueux et empressé lui offrait la main. C’était le Corinthien.

— Vous ici ? s’écria la marquise avec plus de joie que de prudence.

— Je vous attendais au passage, répondit Amaury en baissant la voix.

La marquise, troublée, s’arrêta, un pied hors de la voiture, une main dans celle d’Amaury.

— Je ne sais ce que vous voulez dire, reprit-elle d’une voix tremblante. Comment et pourquoi m’attendiez-vous ?

— J’étais venu ici dans la journée pour faire quelques emplettes qui concernent mon état. Je me suis trouvé à dîner dans ce cabaret en même temps que M. Wolf, votre cocher. Je l’ai vu si bien boire que je me suis inquiété de la manière dont il conduirait votre voiture, et j’attendais