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PROCOPE LE GRAND.

un grand bien de cette guerre ! Plusieurs adversaires de nos salutaires vérités, s’étant joints à nous pour la défense de la patrie, en sont venus à les reconnaître et à les embrasser. Les victoires que nous avons remportées y ont affermi le peuple, qui aurait été contraint de les abandonner par la violence de vos armes. Enfin, c’est cette guerre qui a obligé le concile de donner audience aux Bohémiens et de faire connaître nos saintes vérités à l’univers ! Ne vous attendez donc point à voir la fin de ces troubles que la vérité ne soit reçue d’un commun consentement. »

Nous abrégerons, malgré l’intérêt que nous présentent ces longues négociations. La ruse et l’intrigue l’emportaient. Les compliments et les promesses qui ramenèrent aisément les Catholiques rebelles, ébranlèrent peu à peu les Calixtins. Le juste-milieu était las de la guerre, et se retranchait principalement derrière le premier article (la communion sous les deux espèces), comme sous le bouclier de son point d’honneur. Les trois autres articles, qui tendaient à débarrasser temporellement la Bohême laïque du joug ecclésiastique, subiront des modifications apparentes de part et d’autre. Mais, dans le fait, l’adroite et artificieuse rédaction du concile de Bâle ruina le fond de ces importantes protestations, et, feignant de céder sur l’article de la communion, donna une conclusion vague et d’une exécution éventuelle. On permettait la libre prédication, à condition que les prédicateurs seraient approuvés par le pape. On prononçait que les ecclésiastiques doivent administrer fidèlement les biens de l’Église et selon l’institution des saints Pères ; mais, en déclarant que ces biens ne pouvaient être usurpés sans sacrilége par les laïques, on faisait assez pressentir pour l’avenir une mesure analogue à ce que serait chez nous aujourd’hui la restitution des biens nationaux.