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PROCOPE LE GRAND.

par quelque traité, dans l’espérance que l’union faciliterait la discussion. Mais les Bohémiens étaient venus chercher l’union religieuse avant l’union politique, et ils répondirent, en bons croyants et en bons logiciens, que l’une ne pouvait être que l’effet de l’autre. Axiome si simple et si vrai, qu’on s’étonne de voir encore aujourd’hui tant de gens demander des bouleversements politiques avant de songer à établir des doctrines religieuses et sociales. Le légat, forcé d’admettre ce principe irréfutable, retomba dans ses métaphores accoutumées, nommant le concile le creuset du Saint-Esprit, où la rouille doit être séparée de l’or et de l’argent ; et, croyant trouver un moyen d’enlacer adroitement les Hussites, en les forçant à se condamner ou à s’absoudre eux-mêmes, il les accusa de s’être montrés Wickléfites dans leurs discours, et les somma de renier ou d’adopter Jean Huss, Jérôme et Wicklef dans certains articles sur l’Eucharistie et les autres sacrements. Il leur fit donc une série de questions délicates qu’on leur donnerait par écrit, afin qu’ils pussent répondre chacun, à chaque article, ces seuls mots, nous croyons, ou nous ne croyons pas cela. Les Bohémiens sentirent le piège ; ils voulaient s’expliquer sur toutes ces propositions prétendues hérétiques, et les discuter en les développant, en les appuyant des textes sacrés et de l’autorité de la primitive Église. Les accepter par oui ou par non, c’était se soumettre à une condamnation formulée à priori et odieusement consacrée d’avance par les décrets du concile de Constance contre Wicklef, Jean et Jérôme. Ils répondirent que leur mandat ne les autorisait pas à discuter autre chose que leurs quatre articles ; et ils quittèrent Bâle au mois d’avril 1433, sans avoir rien conclu, mais sans avoir cédé un pouce de terrain.

Le concile courut, en quelque sorte, après eux. Trois