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PROCOPE LE GRAND.

dans la Silésie, le duché de Breslau, dans la marche de Brandebourg jusqu’à Custrin, puis à Francfort sur l’Oder, dans la Basse-Lusace, à Kœnigsberg, dans la Nouvelle-Marche, à Bernaw, à Augermunde, où ils se fortifièrent et demeurèrent quelque temps, ce qui fit donner à cette ville le nom d’Augermunde l’Hérétique ; puis en Moravie, aux rives du Danube, etc. Dans toutes ces campagnes, quoique les Orphelins fussent souvent repoussés avec perte, l’armée bohémienne remporta de grands avantages, maintint l’épouvante chez ses voisins, fit des prodiges d’audace, de valeur et de cruauté, et revint, comme à l’ordinaire, chargée de butin. Nous ne manquons pas de détails sur ces divers événements ; mais ils ne peuvent avoir, pour ceux qui lisent aujourd’hui l’histoire, qu’un intérêt de localité, et nous n’en citerons qu’un trait relatif à Procope. « Fumant de colère de la perte de Sternberg qui lui appartenait, il pardonna cependant à celui qui avait livré cette place à l’ennemi, et dont il voulait d’abord faire un exemple : mais ce fut à la condition qu’il le suivrait, et qu’il effacerait par quelque belle action la note d’infamie qu’il avait encourue dans cette occasion. » Il y a quelque chose d’antique et de chevaleresque dans cette justice de Procope le Grand.

Dans cette même année (1432), les Bohémiens envoyèrent une ambassade au roi de Pologne dont les Calixtins eussent préféré la protection, et la royauté au besoin, à celles de l’empereur Sigismond. Outre leur sympathie pour un prince de leur langue, c’est-à-dire de la famille slave, ils sentaient bien que ce prince, récemment converti à la foi chrétienne, serait moins chatouilleux qu’un prince du Saint-Empire sur les articles de la foi. Ils donnèrent donc pour prétexte à leur ambassade la réconciliation de Koribut, et l’offre de secourir la Pologne contre le Prusse, les Lithuaniens révoltés, les Chevaliers