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PROCOPE LE GRAND.

quelques traits ambigus qui donnaient de la défiance aux Bohémiens, tels que la soumission au concile, et l’offre ou plutôt la menace de les gouverner comme les autres, c’est-à-dire de les mettre sous le joug de l’Église romaine. C’est ce que les obligea à demander une conférence à Egra, « pour mieux savoir sur quel pied ils seraient entendus à Bâle. »

Dans cette conférence, ils demandèrent entre autres « choses que le concile fût de telle nature que toutes sortes de gens et de peuple y puissent venir ; et que le pape n’eût pas la suprême autorité sur le concile, mais qu’il fût tenu de s’y soumettre. » Toutes leurs réclamations furent à peu de choses près les mêmes que firent les protestants au concile de Trente en 1554. Le sauf-conduit accorda tout, déclarant que le concile prenait sous sa protection non-seulement tous les ecclésiastiques et seigneurs, mais encore tous ceux du peuple de Bohême et de Moravie, de quelque condition qu’ils fussent. Les sûretés garanties pour leur indépendance et sécurité attestent minutieusement, et honteusement pour l’Église, les méfiances qu’elle avait à surmonter, en expiation de son crime envers Jean Huss et Jérôme, immolée en violation de la foi jurée. On délibéra à Prague sur la valeur de ces garanties. Les Taborites, Orébites et Orphelins, le peuple, en un mot, se refusait aux accommodements proposés ; les Calixtins et la noblesse voulaient tenter tous les moyens de conciliation, sauf la vérité, c’est-à-dire sauf le sacrifice des articles de foi.

Durant ces démarches et ces discussions, les Taborites et les Orphelins, jugeant avec raison que plus ils se rendraient redoutables, meilleures seraient les conditions de la paix, recommencèrent leurs courses dans l’intérieur du pays contre les Catholiques qui n’avaient pas voulu traiter avec eux, dans le Voigtland, dans la Misnie,