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PROCOPE LE GRAND.

Majesté, nous avons appris et compris que, mal instruite par des ecclésiastiques contre lesquels nous nous défendons avec vigueur et constance, Votre Majesté est portée à empêcher la divine vérité que nous proposons d’être annoncée à qui que ce soit, et qu’elle n’a point d’autre vue que de nous en détacher pour nous unir à l’Église romaine. C’est ce qui fit retirer nos députés, et ce qui nous a empêchés d’entendre à aucune négociation ; car les lois divines et humaines nous défendent d’accepter ce parti. Que Votre auguste Majesté ne soit donc pas surprise que nous refusions de déférer ni à Votre auguste Majesté elle-même, ni à l’Église de Rome ; puisque, vous opposant à la volonté de Dieu, vous ne voulez pas nous procurer une audience légitime, selon le désir que nous avons de rendre raison de notre foi. Ce n’est pas de notre propre mouvement que nous nous trouvons réduits à cette honnête désobéissance. C’est par ordre de saint Pierre lui-même, qui nous apprend à obéir plus à Dieu qu’aux hommes. C’est pourquoi nous notifions à tous et à chacun que, puisqu’à la sollicitation des ecclésiastiques qui préfèrent leur volonté à celle de Dieu, on veut nous contraindre à une obéissance illégitime, nous sommes résolus de nous défendre, appuyés sur le secours de Dieu » (octobre 1431).

En même temps que l’Empereur, le cardinal Julien écrivait de son côté : « Il vous sera permis de dire librement vos sentiments sur la religion, de consulter et de proposer des expédients… Nous avons appris que vous vous êtes souvent plaints de ne point obtenir d’audience. Ce sujet de plainte cessera désormais. On vous entendra, à l’avenir, publiquement et autant de temps que vous le souhaiterez. C’est pourquoi nous vous prions et supplions de tout notre cœur de ne point différer à entrer par cette belle et grande porte qui vous est ou-