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PROCOPE LE GRAND.

pied-là, nous serons tous réunis ensemble. Alors, toute l’Église militante, purgée de son mauvais levain, reprendra sa première splendeur ; la foi germera, la paix fleurira, l’amour et la concorde régneront.

« Mais c’est ce qui n’arrivera pas par votre nouvelle méthode, inconnue comme nous croyons aux Apôtres, de venir contre nous avec tant de milliers de soldats à qui les épées, les flèches et toutes sortes d’instruments de guerre tiennent lieu de l’Écriture et du raisonnement. Sont-ce là des armes dont un père se sert pour gagner ses enfants, comme vous nous appelez ? Mais puisque vous avez choisi ces armes, nous en avons aussi de même trempe, et nous sommes prêts à en venir à un combat décisif. Si vous étiez entrés chez nous comme saint Pierre entra chez Corneille, vous y auriez sans doute fait de grands fruits, et vous auriez réjoui les Pères de l’Église chrétienne ; et au lieu d’un veau ils auraient tué un bœuf gras, et invité leurs voisins à se réjouir avec eux. Toutes ces choses bien pesées, on voit assez ce qui nous sépare les uns des autres, quoique nous ayons le même baptême. C’est que nous autres non-seulement nous professons de bouche la religion, mais nous la pratiquons et l’exerçons en effet. Ainsi, nous vous prions de nous écouter fraternellement, parce que la fin du monde approche, de vous joindre avec nous et de marcher avec ardeur sur les traces de Jésus-Christ et de ses disciples. C’est par ce moyen que le peuple de Christ reposera paisiblement dans les tabernacles de l’espérance et obtiendra le salut éternel.

« À Prague, au mois de juillet 1431. »

En même temps parut un Manifeste adressé, de la part des États de Bohême et de Moravie, à tous les rois,