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PROCOPE LE GRAND.

mettre sur pied, à les rétablir, à les éclaircir et à les faire observer et respecter, selon leur poids et leur mérite. Combien n’avons-nous point souffert d’inimitiés, d’injures, fait de dépenses, enduré de fatigues, encouru de périls pour les soutenir, sans même épargner nos vies ? Nous avons même demandé plusieurs fois avec instance d’être admis et écoutés publiquement, dans un concile libre, paisible et sûr ; mais tout cela inutilement jusqu’ici. Qui peut s’empêcher d’admirer la diligence et l’exactitude de vos pères, tant vantés, de vos prélats, et de l’Église romaine, à remédier aux maux de la chrétienté ? Au lieu d’empêcher que les vérités salutaires, annoncées et reçues avec tant d’éclat dans le monde, ne fussent ensevelies dans l’oubli, vous avez été les premiers à les négliger, surtout l’article de l’Eucharistie, où, depuis tant d’années, par le plus grand des sacrilèges, vous avez retranché le calice au peuple, à qui jésus-christ l’a donné. Comment avez-vous souffert cet abus ? comment ne l’avez-vous pas vengé, pendant que vous étiez si soigneux de recevoir vos dîmes et vos impôts ? Mais, sans parler ici de l’intérêt qu’a toute l’Église à ce rétablissement, pourquoi nous l’avez-vous refusé si opiniâtrement, il nous qui l’avons demandé avec tant d’instance, et à qui même vous l’auriez dû accorder, quand nous ne l’aurions pas demandé, pour prévenir tant d’illusion de sang ? Nous ne saurions nous empêcher de croire qu’il y a là-dessous quelque dessein caché.

« Considérez la chose de près. Ne valait-il pas mieux rétablir une institution si utile, si nécessaire à l’Église, que d’assembler, au péril de leurs vies, de leurs États et de leurs âmes, et avec des frais immenses, tant de rois, de princes et de peuples de diverses nations et de