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PROCOPE LE GRAND.

cous, nous vous donnerons des vêtements nouveaux, nous tuerons le veau gras, nous inviterons nos voisins et nos amis (les cent trente mille mercenaires) pour se réjouir avec nous du retour de nos enfants. Au fond, pourquoi feriez-vous difficulté de revenir à nous ? Ne sommes-nous pas nés d’une même mère ? N’avons-nous pas la même foi chrétienne, la même parole, les mêmes sacrements ? Ne recevons-nous pas la même Écriture sainte ? Qu’est-ce donc qui vous éloigne de nous ?… Nous vous le protestons la larme à l’œil, ce n’est qu’à notre grand regret et par la plus cruelle nécessité que nous nous armons contre vous. Nous y sommes portés par l’amour de nos prochains, persécutés, dépouillés, massacrés inhumainement par les Bohémiens. » C’est à eux qu’il écrit ainsi à la seconde et à la troisième personne en même temps. Massacrés par vous eût été trop impoli, apparemment… « Si vous rejetez nos offres et nos invitations, ne nous imputez pas les malheurs de la guerre, et ne vous en prenez qu’au refus des gens qui veulent être plus sages qu’il ne faut. Croyez-vous que ces gens-là en sachent plus que l’ancienne Église et celle d’aujourd’hui ? Qu’est-ce que peuvent vous apprendre des gens de guerre, des paysans, des bourgeois grossiers ? Des gens sans lettres sont-ils plus habiles que tant de docteurs, que tant d’académies où avaient fleuri les saintes lettres ? Écoutez saint Augustin qui vous dit qu’il n’aurait pas cru à l’Évangile sans le témoignage de l’Église, etc., etc. »

Autant la lettre du cardinal, dit Jacques Lenfant, est pathétique, insinuante et artificieuse (il aurait pu ajouter aristocratique), autant la réponse des Bohémiens est libre, ferme et même assez dure, mais nette et précise. La voici :

« Il est impossible, révérend père en Christ (c’est le