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lais déchirer ton dessin ? C’est fait. T’en repens-tu ? je me charge de le recoller ; il n’y paraîtra plus. Au fait, ce serait dommage, il est très-joli.

— Ce n’est pas bien, Yseult, ce que tu fais là. Je ne voulais pas que tu le visses.

— Tu as de l’amour-propre avec moi à présent ? N’es-tu pas mon élève ? Depuis quand les élèves cachent-ils leur travail au maître ? Mais dis-moi donc, Joséphine, quel est ce personnage ?

— Mais, tu le vois, une figure de fantaisie, un page du moyen âge.

— Bah ! c’est un anachronisme. Si la chapelle était debout, le page serait bien placé ; mais quand elle est en ruines, il est hors de date. Il est peu probable que ce pauvre jeune homme se soit conservé là dans toute sa fraîcheur et avec les mêmes habits depuis trois cents ans.

— Tu vois bien que tu te moques de moi, c’est ce que je voulais m’épargner.

— Si tu te fâches, je n’oserais plus te rien dire… Pourtant…

— Eh bien ! dis, puisque tu es en train. Ne te gêne pas.

— Joséphine, ce page-là ressemble au Corinthien à faire trembler.

— Le Corinthien avec un pourpoint tailladé et une toque de page ? Tu es folle !

— Le pourpoint est proche parent d’une veste ; et quant à cette toque, elle est cousine germaine de celle du Corinthien, qui n’est pas laide du tout, et qui lui sied fort bien. Il porte les cheveux longs et coupés absolument comme ceux-là ; enfin il a une charmante figure comme ce page-là. Allons ! c’est son ancêtre, n’en parlons plus.