Page:Sand - Le compagnon du tour de France, tome 1.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sieur Lerebours ; cela ne me regarde pas, à moins qu’il n’y ait quelque parquet à relever ou quelque armoire à rafistoler.

— Il s’agit d’une chose autrement importante, mon ami, reprit l’intendant. La famille a eu l’idée (je dirais, si je l’osais, la singulière idée) de faire réparer la chapelle, et je viens voir si vous pouvez ou si vous voulez y être employé.

— La chapelle ? dit le père Huguenin tout étonné ; ils veulent remettre la chapelle en état ? Tiens, c’est drôle tout de même. Je croyais qu’ils n’étaient pas dévots ; mais c’est obligé, à ce qu’il paraît, dans ce temps-ci. On dit que le roi Louis XVIII…

— Je ne viens pas vous parler politique, répondit Lerebours en fronçant le sourcil : je viens savoir seulement si vous n’êtes pas trop jacobin pour travailler à la chapelle du château, et pour être bien récompensé par la famille.

— Oui-da, j’ai déjà travaillé pour le bon Dieu ; mais expliquez-vous, dit le père Huguenin en se grattant la tête.

— Je m’expliquerai quand il sera temps, repartit l’économe ; tout ce que je puis vous dire, c’est que je suis chargé d’aller chercher, soit à Tours, soit à Blois, d’habiles ouvriers. Mais si vous êtes capable de faire cette réparation, je vous donnerai la préférence.

Cette ouverture fit grand plaisir au père Huguenin ; mais, en homme prudent, et sachant bien à quel économe il avait affaire, il se garda d’en laisser rien paraître.

— Je vous remercie de tout mon cœur d’avoir pensé à moi, monsieur Lerebours, répondit-il ; mais j’ai bien de l’ouvrage en ce moment-ci, voyez-vous ! La besogne va bien, c’est moi qui fais tout dans le pays parce que je suis seul de ma partie. Si je m’embarquais dans l’ouvrage du