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ma vie, j’irais à leur école !

Qu’il eut été heureux, notre ami, si le théâtre des marionnettes eût existé chez nous à cette époque ! Quels décors il nous eût faits ! Il ne cessait de dire à Maurice « Peins à la colle, mon cher enfant, peins à la colle ! Il n’y a que cela de vrai. C’est de la peinture par A + B et c’est parceque nous avons perdu l’A + B de la peinture à l’huile que le public patauge, quand nous ne pataugeons pas nous-mêmes. Nous ne savons plus faire d’élèves, et ce que j’ai appris, moi, je ne peux pas te l’enseigner. Je l’ai trouvé trop péniblement, et nous en sommes tous là ; il faut tout trouver soi-même, tandis que les peintres en décor ont encore des lois qu’ils se transmettent les uns aux autres, et ces lois-là, c’est le nécessaire, la chose précisément qui nous manque, et sans laquelle le génie ne nous sert de rien. » Maurice s’est souvenu et quand, en se jouant, il a essayé de distribuer de grands sites sur les divers plans de ses petites toiles, il s’est aperçu de la difficulté et des ressources du procédé. Il s’est trompé souvent avant de se rendre maître des moyens et il a trouvé un extrême intérêt à faire ce cours rétrospectif de peinture, en songeant aux paroles de notre illustre et cher ami, si vraies parfois, si intéressantes toujours. Je me les rappelais avec