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donc fort difficile, sinon impossible, de s’en tenir à la lettre du texte, et il faut être prêt à expliquer les accidents. Les vrais acteurs, quand ces accidents se produisent, ne peuvent y obvier. J’ai vu les plus spirituels et les plus intelligents rester court et se décontenancer en scène quand leur interlocuteur attendu manquait son entrée. Cela est tout simple, l’acteur eût-il d’excellentes idées à son service, n’a pas le droit de mettre son improvisation à la place du texte. L’auteur et le public, sans compter la censure, pourraient lui faire un mauvais parti. Dans son castello, le maître du jeu de marionnettes a ses coudées franches, il est seul responsable. Il dit son propre texte et le modifie à chaque instant. S’il joue plusieurs fois la même pièce, il y ajoute les mots plaisants ou énergiques qui lui viennent ou supprime ceux qui n’ont pas porté aux représentations précédentes. Le propre de l’improvisateur est d’ailleurs de ne pas aimer à se répéter, et s’il se soumet au canevas, il éprouve le continuel besoin de changer le dialogue. C’est même le principal attrait de ce genre de spectacle sur lequel l’auditeur ne se blase pas. La forme littéraire propre aux maisonnettes est donc le canevas écrit avec un dialogue élémentaire très rapide sur lequel le récitant