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dimension normale.

Toute cette machination obtenue par des moyens d’une extrême simplicité, on voit que l’on peut réaliser sur une scène de marionnettes ce qui est impossible ailleurs et manier le fantastique bien au delà de ce que comportent les théâtres d’acteurs vivants. La mécanique peut obtenir plus de précision, mais c’est là un autre art, d’où la vie est exclue, quelle que soit la récitation qui accompagne et explique le mouvement des figures. J’ai vu autrefois sur la place des Esclavons, durant les fêtes du Redentore, à Venise, des drames de chevalerie exécutés par de merveilleux automates. C’était de savantes petites machines, des chevaliers d’une coudée de haut se livrant à des combats équestres, des dames ruisselantes d’or et de pierreries donnant le prix au vainqueur, des pages sonnant du cor sur le haut des tours, que sais-je ? Mais des vers du Tasse ou de l’Arioste étaient braillés dans la baraque pour expliquer l’action, et ce n’était point là qu’il fallait espérer les jouissances de l’illusion.

La vraie marionnette doit être, je le dis encore, dans la main de l’homme qui parle. Quand Maurice fait parler les siennes dans une scène de fond, il laisse glisser le support