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DE M. ANTOINE.

mais si vous êtes jeune et gentille, vous serez joliment embarrassée, ma très chère ! »

Gilberte se débattit avec courage, en frappant la figure et les mains de Galuchet avec son panier ; mais les forces étaient trop inégales : au risque de la blesser avec l’agrafe de son manteau, il tirait le capuchon avec fureur.

En ce moment deux hommes parurent à la grille du parc, et Gilberte, se dégageant par un effort désespéré, s’élança vers eux et alla chercher refuge auprès de celui qui se présenta le premier à sa rencontre. Elle fut reçue dans les bras de M. de Boisguilbault.

Comme elle était défaillante de peur et d’indignation, elle cacha son visage dans le sein du vieillard, et ni le marquis ni le charpentier n’avaient eu le temps de la reconnaître ; mais, en voyant Galuchet qui prenait la fuite, toute la rancune de Jean se réveilla, et il s’élança à sa poursuite.

Le commis de M. Cardonnet était gros et court, et malgré son âge, Jean avait sur lui l’avantage de la taille et de l’agilité.

Se voyant près d’être atteint, Galuchet compta sur sa force et se retourna.

Une lutte s’engagea alors entre eux, et Galuchet, qui était robuste, soutint assez bien le premier assaut ; mais Jean était un athlète, et il ne tarda pas à le renverser au bord de l’eau.

« Ah ! tu ne te contentes pas de faire le métier d’espion ! lui dit-il en lui mettant les genoux sur la poitrine et en lui serrant si fort la gorge que le vaincu fut forcé de lâcher prise, il faut encore, méchant valet, que tu insultes les femmes ! Je devrais écraser un animal aussi malfaisant que toi ; mais tu es si lâche, que tu me ferais un procès ! Eh bien ! tu n’auras pas ce plaisir-là : tu sor-