Page:Sand - Le Péché de Monsieur Antoine, Pauline, L’Orco, Calman-Lévy, 18xx, tome 1.djvu/229

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« J’appartiens à cette génération d’égoïsme individuel, et ce qui est vice chez elle est maladie chez moi… Il y a des causes à cela… Mais j’aime mieux ne pas m’en rendre compte, afin de ne point avoir à me les rappeler. »

Émile n’osa pas faire de questions directes, quoiqu’il se promît de découvrir peu à peu tous les secrets de M. de Boisguilbault ; ou du moins tous ceux où la famille de Châteaubrun devait se trouver intéressée. Mais il jugea que c’était bien assez de victoires pour un jour, et qu’avant d’obtenir toute confiance, il fallait se faire estimer et chérir, s’il était possible.

Il voulut obtenir seulement de pénétrer dans la bibliothèque ; et le marquis lui promit de la lui ouvrir à leur prochaine entrevue, pour laquelle ils ne prirent cependant pas de jour. M. de Boisguilbault sentant peut-être revenir ses méfiances, voulait voir si Émile reviendrait bientôt de lui-même.


XVIII.

ORAGE.


À partir de ce jour, Émile ne vécut plus chez ses parents. Il y était bien de sa personne la nuit, et durant quelques heures de la journée ; mais son esprit était plus souvent à Boisguilbault, et son cœur presque toujours à Châteaubrun.

Il retourna fréquemment à Boisguilbault, plus fréquemment qu’il n’y eût été, peut-être, sans le voisinage de Châteaubrun et les prétextes que lui fournissait la première visite.

D’abord ce furent des livres à porter, et, quoique le marquis lui eût permis de puiser à discrétion dans sa