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n’avoir pas compris que je ne suis pas assez rompue aux artifices de la parole pour soutenir un assaut quelconque contre vous.

— Vous êtes trop modeste ; mais puisque vous ne voulez pas que les formules de l’admiration se mêlent à celles du respect, et puisque l’attention qu’il vous est si difficile de ne pas éveiller vous alarme et vous contriste, soyez tranquille, je me le tiens pour dit ; vous n’aurez plus à vous plaindre de moi. Je le jure par tout ce qu’un homme peut avoir de sacré, par ma mère !

Après avoir ainsi réparé sa faute et rassuré Caroline, dont le départ eût fait échouer son plan, le duc se mit à lui parler d’Urbain avec un véritable enthousiasme. Il y avait en lui sur ce point tant de sincérité, que mademoiselle de Saint-Geneix abjura ses préventions. Le calme revint donc dans son esprit, et elle s’empressa d’écrire à Camille que tout allait bien, que le duc valait infiniment mieux que sa réputation, et que, dans tous les cas, il s’était engagé sur l’honneur à la laisser tranquille.

Pendant le mois qui suivit cette journée, Caroline vit fort peu M. de Villemer. Il eut à s’occuper des détails de la liquidation de son frère, puis il s’absenta. Il dit à sa mère qu’il allait en Normandie voir un certain château historique dont le plan lui était nécessaire pour son ouvrage, et il prit une route tout opposée, confiant au duc seul qu’il allait voir son fils dans le plus strict incognito.