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mettra le feu partout, et, si elle reste sage, on voudra l’épouser.

— Donc, reprit le marquis, vous ne pouvez pas songer à elle.

— Pourquoi donc ça ? reprit le duc. Ne suis-je pas d’aujourd’hui un pauvre diable sans avoir ? N’est-elle pas bien née ? Sa réputation n’est-elle pas intacte ? Je voudrais bien savoir ce que ma mère pourrait trouver à redire ! elle qui l’appelle déjà sa fille, et qui veut qu’on la respecte comme si elle était notre sœur ?

— Vous poussez loin l’enthousiasme… ou la plaisanterie, dit le marquis, étourdi de ce qu’il entendait.

— Bon, pensa le duc, il m’appelle vous !

Et il continua à soutenir avec un sérieux étonnant qu’il était très-capable d’épouser mademoiselle de Saint-Geneix, s’il n’y avait pas d’autre moyen de l’obtenir. — J’aimerais mieux l’enlever, ajouta-t-il : cela rentrerait mieux dans mes habitudes ; mais je n’ai plus le moyen d’enlever, et à présent, ma blanchisseuse elle-même ne s’y fierait pas. D’ailleurs il est temps de rompre avec tout mon passé. Je te l’ai dit, et c’est fait, puisque je l’ai dit. À partir d’aujourd’hui, transformation complète sur toute la ligne. Tu vas voir un homme nouveau, un homme que je ne connais pas moi-même, et qui va bien m’étonner ; mais je sens déjà que cet homme-là est capable de tout, tout, même de croire, d’aimer et d’épouser. Sur ce, bonsoir, frère, voilà mon dernier