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et je n’en exige aucune. Est-ce que vous l’aimez, la toilette ?

— Oui, madame, beaucoup ; mais je m’en abstiendrai, puisqu’à cet égard vous n’exigez rien.

La sincérité de ma réponse parut étonner la marquise. Peut-être n’aurais-je pas dû parler spontanément comme j’ai l’habitude de le faire. Elle fut un peu de temps avant de se reprendre. Enfin elle se mit à sourire et me dit : — Ah çà ! pourquoi aimez-vous la toilette ? Vous êtes jeune, jolie et pauvre ; vous n’avez ni le besoin ni le droit de vous attifer ?

— J’en ai si peu le droit, répondis-je, que je suis simple comme vous voyez.

— C’est fort bien, mais vous souffrez de n’être pas plus élégante ?

— Non, madame, je n’en souffre pas du tout, puisqu’il faut que cela soit ainsi. Je vois que j’ai parlé sans réfléchir en vous disant que j’aimais la toilette, et que cela vous a donné une pauvre idée de ma raison. Je vous prie de n’y voir qu’un effet de ma sincérité. Vous m’avez questionnée sur mes goûts, et j’ai répondu comme si j’avais l’honneur d’être connue de vous ; c’est peut-être une inconvenance, je vous prie de me la pardonner.

— C’est-à-dire, reprit-elle, que si je vous connaissais, je saurais que vous acceptez sans humeur et sans murmure les nécessités de votre position ?

— Oui, madame, c’est absolument cela.

— Eh bien ! votre inconvenance, si c’en est une,