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sité de vos parents, je ne suis pas des plus malheureuses. Mon mari a un bon état et fait un peu de commerce qui nous a permis d’acheter une maison et un peu de terre. Mon fils est militaire, et votre sœur de lait se trouve assez bien mariée. Ainsi donc, si quelques centaines de francs vous faisaient besoin un jour ou l’autre, nous serions contents de vous les prêter pour tout le temps qu’il vous faudrait, et sans payer d’intérêts. En acceptant, vous feriez honneur et plaisir à des gens qui vous ont toujours aimée, vu que, sans vous connaître autrement que par moi, mon mari vous estime et me dit souvent : « Elle devrait venir chez nous, nous la garderions tout le temps qu’elle voudrait, et puisqu’elle est bonne marcheuse et forte, on lui ferait voir nos montagnes. Si elle voulait, elle pourrait être maîtresse d’école dans notre village, ce qui ne lui rapporterait pas gros ; mais elle n’aurait guère de dépense à faire, et ça reviendrait peut-être au même que d’être à Paris, où on vit si chèrement. » Je vous dis cela tout bonnement, comme Peyraque le dit, et si le cœur pouvait vous en dire, nous aurions une petite chambre bien propre pour vous et un pays un peu sauvage à vous montrer. Ça ne vous ferait point peur, à vous qui, toute petite, vouliez toujours grimper partout, que même votre pauvre papa vous appelait son petit chevreuil.

« Pensez donc, si vous n’êtes pas bien où vous êtes, ma chère Caroline de mon cœur, qu’il y a, dans un coin de pays que vous ne connaissez pas, des gens qui