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Ce qu’il y a eu de plus douloureux pour moi dans ma résolution, ce sont tes larmes et celles des chers petits : j’ai de la peine à retenir les miennes quand j’y pense ; mais il le fallait absolument, vois-tu ! Je ne pouvais pas rester les bras croisés quand tu as quatre enfants à élever. Puisque j’ai du courage, de la santé, et aucun autre lien en ce monde que ma tendresse pour toi et pour ces pauvres anges du bon Dieu, c’était à moi de partir et de chercher notre vie. J’en viendrai à bout, sois-en sûre. Soutiens-moi au lieu de me regretter et de m’attendrir, voilà tout ce que je te demande. Et sur ce, ma sœur chérie, je t’embrasse de toute mon âme, ainsi que nos enfants adorés. Ne les fais pas pleurer en leur parlant de moi ; mais tâche cependant qu’ils ne m’oublient pas, cela me ferait bien de la peine

Caroline de Saint-Geneix.

3 janvier 1845.


DEUXIÈME LETTRE. — À LA MÊME.


Victoire, grande victoire, ma bonne sœur ! me voilà revenue de chez notre grande dame, et succès inespéré, tu vas voir. Puisque j’ai encore une soirée de liberté, la dernière probablement, j’en vais profiter pour te raconter l’entrevue. Il me semblera que je cause encore avec toi au coin de ton feu, berçant