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dant pas souffrir le duc, et c’est elle qui m’a appris tout le mal que j’en sais. Un instinct de réaction contre la sympathie qu’il m’avait inspirée me fit sans doute choisir de préférence l’entretien de cette dame.

— Eh bien ! me dit-elle, comme si elle eût deviné ce qui se passait en moi, et en regardant le duc, qui tenait la conversation auprès de sa mère : — Vous l’avez enfin vu, l’enfant chéri ? Qu’est-ce que vous en dites ?

— Il est aimable et beau, et c’est ce qui, à mes yeux, le condamne davantage.

— Oui, n’est-ce pas ? C’est, à coup sûr, une belle organisation, et il est incroyable qu’il soit encore aussi bien et aussi spirituel après la vie qu’il a menée ; mais n’allez pas vous y fier ! C’est l’être le plus corrompu qui existe, et il est parfaitement capable de faire le bon apôtre avec vous pour vous compromettre.

— Moi ? Oh ! que non. L’humilité de ma position me préservera de son attention.

— Nullement. Vous verrez ! Je ne vous dirai pas que votre mérite prévaudra sur votre position, bien que cela soit évident pour tout le monde ; mais il lui suffira que vous soyez honnête pour qu’il souhaite de vous égarer.

— Ne cherchez pas à m’effrayer ; je ne resterais pas une heure ici, madame, si je croyais y être outragée.

— Non, non, ce n’est pas là ce qu’il faut craindre.