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la maison voisine. Caroline avait dormi délicieusement dans sa petite chambre. Elle aidait Justine à servir les hommes de la maison, c’est-à-dire le marquis et les deux Peyraque. Embellie par le bonheur, elle allait et venait, tantôt servant et tantôt s’asseyant en face de M. de Villemer, qui la laissait se dévouer et la regardait avec ravissement, comme pour lui dire : — Je vous le permets, mais comme je vous rendrai ces soins-là !

Quels cris de joie et de surprise remplirent la maison de Peyraque à l’apparition des voyageurs ! Les deux frères se tinrent longtemps embrassés. Diane embrassa Caroline en l’appelant sa sœur.

Il y en eut pour une heure à raconter à bâtons rompus, follement, sans se comprendre, sans savoir si on ne rêvait pas. Le duc mourait de faim et trouva exquis les mets de Justine, qui refit un déjeuner copieux, et que Caroline aidait toujours, riant et pleurant à la fois. Diane était folle de l’aventure, et voulait, au grand effroi de son mari, se mêler de l’assaisonnement. Enfin on reprit posément les récits et les explications de part et d’autre. Le marquis avait commencé par envoyer un exprès au Puy, avec une lettre pour sa mère, dont on lui avait dit tout d’abord l’inquiétude et l’étrange divination.

On ne pleura pas en quittant les Peyraque, on avait leur parole qu’ils viendraient à la noce. Le jour suivant, on était de retour à Mauveroche avec Didier, que le marquis mit sur les genoux de sa mère. Elle