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de blanc, un linceul peut-être, et j’ai entendu dans mon oreille sa voix, sa véritable voix qui disait : ma mère !

— Mon Dieu ! de quelles chimères vous vous tourmentez  ! dit le duc.

— Je ne me tourmente pas volontairement et je me laisse rassurer par mes instincts, car je veux tout vous dire. Depuis une heure, je sais que mon fils est bien ; mais il a couru un danger aujourd’hui, il a souffert… ou bien un accident… Rappelez-vous le jour et l’heure !

— Voyons, partez, dit la duchesse à son mari. Je ne crois pas un mot de tout cela mais il faut rassurer votre mère.

— Vous irez avec lui, dit la marquise. Je ne veux pas que mes idées noires, qui après tout sont peut-être maladives et rien de plus, vous causent le premier chagrin de votre mariage.

— Mais vous laisser seule avec ces idées-là !…

— Je ne les aurai plus, dès que je vous verrai courir après lui !

La marquise insista. La duchesse commanda une malle légère, et deux heures après, elle courait en poste avec son mari sur la route du Puy par Tulle et Aurillac.

La duchesse connaissait le secret de son beau-frère ; elle ignorait le nom de la mère, mais elle savait l’existence de l’enfant. Le marquis avait permis au duc de n’avoir pas de secrets pour sa femme.

À six heures du matin, ils arrivaient à Polignac. Le