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rendait impossible la seule pensée d’en faire sa fille.

Devant le résultat de la calomnie, le marquis ne faiblit pas un instant. — C’est un mensonge infâme, s’écria-t-il hors de lui, un lâche mensonge, et vous avez pu y croire ! Il a donc été bien habile et bien audacieux ? Ma mère, vous allez me dire tout, car, moi, je ne suis pas disposé à me laisser tromper !

— Non, mon fils, je ne vous dirai plus rien, répondit madame de Villemer avec fermeté, et toute parole que vous ajouterez à celles que vous venez de me dire, je la considérerai comme un manque d’affection et de respect.

La marquise resta donc impénétrable ; elle avait donné sa parole à Léonie de ne pas la trahir, et d’ailleurs pour rien au monde elle n’eût voulu semer la discorde entre ses deux fils. Le duc lui avait dit si souvent devant Urbain que jamais il n’avait cherché ni obtenu un seul doux regard de Caroline ! Ceci était, selon la marquise, un mensonge que le marquis ne pardonnerait jamais. Elle savait maintenant qu’il avait pris le duc pour confident, que celui-ci s’affectait de sa douleur et faisait faire des démarches à sa femme pour chercher Caroline dans tous les couvents de Paris. « Il ne parle pas, se disait la marquise ; il ne détourne pas sa femme et son frère de cette extravagance, lorsqu’il devrait au moins confesser le passé au marquis pour le guérir ! Il serait donc trop tard pour risquer de pareils aveux, et je ne puis le faire sans