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personne en route, et pour n’attirer aucune curiosité en ne faisant aucune question.

Elle avait été à Étampes embrasser sa sœur, et après lui avoir tout raconté et tout confié, excepté le sentiment secret qui l’agitait, elle avait brûlé ses vaisseaux en lui laissant une lettre qui, au bout de huit jours, devait être envoyée à madame de Villemer. Dans cette lettre, elle annonçait son départ pour l’étranger, prétendant qu’elle avait trouvé un emploi, et suppliant que l’on n’eût point d’inquiétude sur son compte.

Embarrassée de son paquet, elle songeait à le laisser dans la première maison qu’elle pourrait se faire ouvrir, lorsqu’elle avisa un convoi de chars à bœufs qui venait derrière elle. Elle l’attendit. Une famille de bouviers jeunes et vieux, avec une femme tenant un enfant endormi sous sa cape, transportait de grands arbres équarris destinés à servir de pièces de charpente, au moyen d’une paire de petites roues massives liées avec des cordes à chaque extrémité de la pièce. Il y avait six de ces pièces, chacune tramée par une paire de bœufs, avec un toucheur marchant à côté. C’était une caravane qui tenait un long espace sur le chemin.

— La Providence, pensa Caroline, vient toujours en aide à ceux qui comptent sur elle. Voici des équipages à choisir, si je suis lasse.

Elle s’adressa au premier bouvier. Il secoua la tête : il n’entendait que le patois. Le second s’arrêta, la fit répéter, haussa les épaules et se remit à marcher : il