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Elle gagnerait du temps, elle amènerait Caroline à le décourager elle-même, mais avec douceur et prudence. Enfin elle croyait maîtriser les destinées lorsqu’elle vit que l’heure était passée et que Caroline n’arrivait pas. Elle la fit demander. Elle apprit qu’elle était sortie en fiacre avec un très-petit paquet en laissant la lettre que voici :

« Madame la marquise,

« Je reçois la triste nouvelle qu’un des enfants de ma sœur est gravement malade. Pardonnez-moi de ne pas vous demander la permission de courir chez elle ; vous avez du monde. D’ailleurs, je sais combien vous êtes bonne ; vous m’accorderez vingt-quatre heures. Demain soir, je serai de retour. Agréez l’expression de mon plus tendre et de mon plus profond respect.

«  Caroline.  »

— Eh bien ! c’est à merveille se dit la marquise après un instant de surprise et de crainte. Elle entre dans mes idées ; elle me fait gagner la première soirée, la plus difficile assurément. En promettant de revenir demain soir, elle empêche mon fils de courir à Étampes. Demain probablement elle aura un nouveau prétexte pour ne pas revenir… Mais j’aime mieux ne pas savoir ce qu’elle compte faire. Je ne craindrai pas que le marquis m’arrache la vérité.

Le soir arriva pourtant trop vite à son gré. Ses