Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/277

Cette page a été validée par deux contributeurs.


XX


Caroline sortit avec une si énergique résolution que madame de Villemer n’osa pas ajouter un mot de plus pour la retenir. Elle la sentait irritée et blessée. Elle se reprocha de lui avoir trop fait comprendre qu’elle savait tout, et la pauvre femme ne savait rien, puisqu’elle ne voyait pas le véritable amour de Caroline.

Loin de là, elle voulut se persuader que Caroline aimait toujours le duc, qu’elle s’était immolée à son bonheur, ou que peut-être, en fille positive, elle avait accepté ses conditions et comptait sur le retour de son amitié après la lune de miel de son mariage. « Dans ce dernier cas, pensa la marquise, il serait dangereux qu’elle restât dans la maison. Cela pourrait attirer le malheur un jour ou l’autre sur mon jeune ménage ; mais il est trop tôt pour la laisser s’éloigner si brusquement : le marquis serait comme un fou ! Elle va se calmer, faire ses plans, et quand elle reviendra me les soumettre, je lui persuaderai de s’en rapporter aux miens. »

Pendant une heure, la marquise fit donc ses projets. Elle reverrait son fils le soir, comme c’était convenu, et lui dirait qu’elle avait tâté les dispositions de Caroline, qu’elle l’avait trouvée froide pour lui. Elle éviterait pendant quelques jours l’explication décisive.