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— Je le crois bien ! dit la marquise avec un sourire écrasant ; mais moi, j’aurais fort à me plaindre si vous aviez la prétention…

Caroline interrompit la marquise avec une violence dont elle ne fut pas maîtresse. — Je n’ai jamais eu aucune prétention, s’écria-t-elle, et personne au monde n’a le droit de me parler comme si j’étais coupable ou seulement ridicule !… Pardon, madame, ajouta-t-elle en voyant la marquise presque effrayée de son emportement ; je vous ai coupé la parole, je vous ai répondu d’un ton qui ne convient pas !… Pardonnez-moi. Je vous aime, je vous suis dévouée jusqu’à donner mon sang pour vous. Voilà pourquoi un soupçon de vous me fait tant de mal que j’en perds l’esprit… Mais je dois me contenir, je me contiendrai !… Je vois qu’il y a je ne sais quel malentendu entre nous. Daignez vous expliquer… ou m’interroger ; je répondrai avec tout le calme qu’il me sera possible d’avoir.

— Ma chère Caroline, dit la marquise adoucie, je ne vous interroge pas, je vous avertis. Mon intention n’est pas de vous trouver coupable ni de vous contrister par des questions inutiles. Vous étiez maîtresse de votre cœur…

— Non, madame, je ne l’étais pas.

— Eh bien ! à la bonne heure, il vous a échappé malgré vous ! dit la marquise avec un retour d’ironique dédain.

— Non ! cent fois non ! reprit Caroline avec énergie ce n’est pas là ce que je voulais dire. Sachant qu’il