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jour et presque heure par heure. Si je vous dis que mademoiselle de Saint-Geneix est digne de vous et de moi, c’est parce que je le sais. Une folle passion ne m’a pas rendu aveugle. Non, un amour sérieux, fondé sur la réflexion, sur la comparaison avec toutes les autres femmes, sur la certitude, m’a donné la force de me taire, d’attendre et de vouloir vous convaincre en connaissance de cause.

Le marquis parla encore longtemps à sa mère, et il triompha. Il y mit toute l’éloquence de la passion et toute la tendresse filiale dont il avait donné tant de preuves. La mère s’attendrit et céda.

— Eh bien ! s’écria le marquis, me permettez-vous de l’appeler ici de votre part ? Voulez-vous que, pour la première fois, devant vous, à vos pieds, je lui dise que je l’aime ? Voyez, je n’ose pas le lui dire encore à elle seule. Un regard froid, une parole de défiance me briseraient le cœur. Ici, en votre présence, je parlerai, je saurai la convaincre !

— Mon fils, dit la marquise, vous avez ma parole ! Et tu vois, ajouta-t-elle en le pressant dans ses faibles bras, si ce n’est pas avec une joie bien spontanée que je te l’ai donnée, c’est du moins avec une tendresse sans bornes et sans arrière-pensée. Je te demande, j’exige une seule chose c’est que tu prennes vingt-quatre heures encore pour réfléchir à ta situation. Elle est nouvelle, puisque te voilà en possession de mon consentement, dont tu n’étais rien, moins qu’assuré il y a une heure. Jusque-là tu t’es cru séparé de ma-