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moment donné, il y aurait en elle assez de force pour renoncer à cette intimité qui devenait le fond de sa propre existence.

Le mariage du duc d’Aléria avec mademoiselle de Xaintrailles marchait avec une réjouissante rapidité. La belle Diane était sérieusement éprise et ne voulait rien écouter contre Gaëtan. La duchesse de Dunières, qui avait fait elle-même un mariage d’inclination avec un ancien beau, désormais très-rangé, qui la rendait parfaitement heureuse, prenait parti pour sa filleule, et plaidait si bien sa cause que tuteurs et conseils de famille durent céder à la volonté de l’héritière.

Celle-ci déclara à son fiancé, avant même qu’il lui eût exprimé son désir à cet égard, qu’elle comptait payer ses dettes au marquis, et le marquis dut accepter la promesse de cette restitution, dont la loyale et fière jeune fille faisait une condition du mariage. Tout ce que le marquis obtint, c’est qu’on ne lui restituât point la part d’héritage maternel à laquelle il avait renoncé lorsque madame de Villemer avait eu à payer une première fois les dettes de son fils aîné. Selon le marquis, sa mère vivante avait eu le droit de disposer de sa fortune, et il se regardait comme entièrement dédommagé, puisque, devant habiter désormais l’hôtel de Xaintrailles et les châteaux de sa bru, beaucoup plus splendides et rapprochés de Paris que le pauvre petit manoir de Séval, la marquise ne serait plus à sa charge.

Dans ces arrangements de famille, tout le monde se