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Comme je suis certain à présent qu’elle le lui pardonnera sans peine, si ce n’est déjà fait, je veux connaître vos préventions contre lui, afin de les combattre. Mon frère est, par ses aïeux paternels, d’un sang beaucoup plus illustre que le mien ; il a toutes les qualités d’un vrai gentilhomme et toutes les séductions d’un homme charmant ; moi je ne suis pas même un homme du monde, et, s’il faut tout confesser, je tourne quelquefois un peu au libéralisme.

La duchesse fit un mouvement d’horreur ; mais elle se mit à rire, pensant que je plaisantais…

— Voyant que vous plaisantiez, mon fils ! dit la marquise d’un ton de reproche.

— Bonne ou mauvaise, reprit le marquis, la plaisanterie ne fit pas mauvais effet. — La duchesse me laissa faire ressortir le mérite de mon frère, convint avec moi qu’un homme de qualité qui n’a jamais forfait à l’honneur a le droit de se ruiner, qu’une vie de plaisir a toujours été bien portée dans le grand monde lorsqu’on sait s’arrêter à temps, accepter noblement l’indigence et se montrer tout à coup supérieur à soi-même… Enfin j’invoquai l’amitié de la duchesse pour vous, le désir qu’elle avait de votre alliance pour sa filleule, et j’eus le bonheur d’être assez persuasif pour qu’elle me promît de ne point influencer le choix de mademoiselle de Xaintrailles.

— Ah ! mon fils ! qu’avez-vous fait ? s’écria la marquise tremblante. Je reconnais bien là votre cœur, mais c’est un rêve ! Une fille élevée au couvent doit