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bon air, avec la jouissance d’un assez grand jardin. Elle ne serait plus qu’à une heure de Paris par le chemin de fer. Elle mettait Lili en pension, elle avait obtenu une bourse dans un couvent de Paris. Caroline pourrait la voir toutes les semaines. Enfin on avait promis aussi une bourse pour le petit Charles dans un lycée aussitôt qu’il serait en âge d’y entrer.

— Tu me combles de joie et de surprise ! s’écria Caroline en pressant sa sœur dans ses bras ; mais qui donc a fait tous ces miracles ?

— Toi ! répondit Camille, toi seule, et toujours toi !

— Mais non ! J’espérais bien obtenir ces bourses, c’est-à-dire les faire obtenir un jour ou l’autre par Léonie, qui est si obligeante ; mais je ne croyais pas à un si prompt succès.

— Non, non ! reprit madame Heudebert ; cela ne vient point de Léonie, cela vient d’ici !

— Impossible ! je n’en ai jamais dit un mot à la marquise. Sachant combien elle est brouillée avec le pouvoir, je n’aurais pas osé…

— Quelqu’un a osé auprès des ministres, et ce quelqu’un-là… Il ne veut pas être nommé, il a agi en cachette de toi, et pourtant je le trahirai, parce qu’il est bien impossible que j’aie des secrets pour toi : ce quelqu’un-là, c’est le marquis de Villemer.

— Ah !… Tu lui as donc écrit pour le prier…?

— Point ! C’est lui qui m’a écrit pour s’informer de ma situation et de mes droits avec une bonté, une convenance, une délicatesse… Ah ! oui, Caroline, tu