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peu difficile, aussi bien que l’imprimé, et comme elle lisait avec une netteté, une intelligence et une simplicité admirables, s’animant et se sentant émue elle-même quand la narration s’élevait au lyrisme dans les épopées de l’histoire, l’auteur se sentit éclairé en un instant d’un vrai soleil de certitude formé de tous les rayons épars dont ses méditations avaient été pénétrées.

Le tableau était beau, d’une beauté originale, et empreint d’un cachet de grandeur véritable. Sous ce titre simple et mystérieux : Histoire des Titres, il soulevait un ensemble de questions hardies qui n’allaient à rien moins qu’à rendre universelle et sans retour ni restriction la pensée de la nuit révolutionnaire du 4 août 1789. Ce fils d’une grande maison longtemps privilégiée, nourri dans l’orgueil de race et le dédain de la plèbe, apportait devant la moderne civilisation l’acte d’accusation du patriciat, les pièces du procès, les preuves d’usurpation, d’indignité ou de forfaiture, et prononçait la déchéance au nom de la logique et de l’équité, au nom de la conscience humaine, mais surtout au nom de l’idée chrétienne évangélique. Il prenait corps à corps ce compromis de dix-huit siècles qui veut allier l’égalité révélée par les apôtres avec la convention des hiérarchies civiles et théocratiques. N’admettant dans toutes les classes que des hiérarchies politiques et administratives, c’est-à-dire des fonctions, des preuves de valeur personnelle et d’activité sociale, des services en un mot, il poursuivait le privilège de naissance jusque dans l’opinion actuelle