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l’égayer ; mais que voulez-vous ? cette peur-là s’est emparée de moi, et je suis accourue comme au feu, sans avertir personne.

— Et si cela eût été réel, vous veniez vous jeter dans le danger ?

— Ma foi, je n’ai pas songé à moi, je n’ai pensé qu’à vous et à votre mère. Ah ! bah ! je vous aurais aidé à vous défendre, je ne sais pas comment, je ne sais pas avec quoi, mais j’aurais trouvé quelque chose, j’aurais fait diversion d’ailleurs… Allons, vous voilà pansé, ceci ne sera rien ; mais le reste, qu’est-ce donc ? Vous ne voulez pas me le dire ? Il faut pourtant que vos amis sachent vous secourir ; votre frère ?…

— Oui, oui, le duc sait tout ; ma mère, rien !

— Je comprends, vous ne voulez pas,… je ne lui dirai rien mais vous me permettrez de m’inquiéter, moi, de chercher avec le duc ce qu’il faut faire pour vous soulager. Je ne serai pas importune. Je sais comment il faut être avec ceux qui souffrent. J’ai été garde-malade de mon pauvre père et du mari de ma sœur… Voyons… ne trouvez pas mauvais que je sois venue là sans savoir, sans réfléchir… Vous vous seriez relevé vous-même, un peu plus tard, je le sais bien ; mais c’est triste de souffrir seul. Vous souriez ? Allons, monsieur le marquis, il me semble que vous êtes un peu mieux. Oh ! que je le voudrais !

— Je suis dans le ciel ! répondit le marquis, et, comme il ne se faisait aucune idée de l’heure : Restez