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la porte, qui n’était même pas renfermée au loquet, et trouva M. de Villemer étendu sur le carreau, près de la fenêtre qu’il n’avait pas eu la force d’ouvrir, et dont il avait brisé la vitre pour respirer, se sentant comme foudroyé par un étouffement subit.

Le marquis n’était pas évanoui. Il avait eu les affres de la mort, il sentait revenir la respiration et la vie. Comme il avait le visage tourné vers la fenêtre, il ne vit pas entrer Caroline, mais il l’entendit, et croyant que c’était le duc : — N’aie pas peur, lui dit-il d’une voix faible, ça se passe. Aide-moi à me relever, je n’en ai pas encore la force.

Caroline s’élança et le releva avec l’énergie d’une volonté surexcitée. Ce fut seulement en se retrouvant assis qu’il la reconnut ou crut la reconnaître, car sa vue, encore voilée, était traversée par des ondes bleues, et ses membres avaient contracté une demi-rigidité qui les rendait insensibles au toucher des bras et des vêtements de Caroline.

— Mon Dieu !… est-ce un rêve ? dit-il en la regardant avec une sorte d’égarement ; vous ! est-ce vous ?

— Mais oui, c’est moi, répondit-elle ; je vous ai entendu gémir… Qu’y a-t-il donc ? mon Dieu ! que faut-il faire ? Appeler votre frère, n’est-ce pas ? Mais je n’ose encore vous quitter. Que sentez-vous ? qu’avez-vous ?

— Mon frère ! reprit le marquis en se ranimant jusqu’à recouvrer la mémoire ; ah ! c’est lui qui vous amène ici ! Où est-il ?