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ver le moyen de le servir véritablement. Il aurait voulu avertir Caroline, faire appel à sa bonté, à son estime, lui dire de gouverner doucement le moral de ce malade, de lui épargner la vue de l’avenir, quel qu’il dût être, de le bercer d’espoirs vagues et de poétiques rêveries ; mais c’était lancer la pauvre fille sur une pente bien dangereuse, et elle n’était point assez enfant pour ne pas comprendre qu’elle y risquait sa réputation et probablement son propre repos.

La destinée, qui est très-active dans les drames de ce genre, parce que son action rencontre toujours des âmes prédisposées à la subir, fit ce que le duc n’osait faire.


XIII


Malgré la promesse que le duc avait faite à son frère de n’avertir personne, il ne put se résoudre à endosser la périlleuse responsabilité du silence absolu. Il croyait au médecin, quel qu’il fut, tout en disant qu’il ne croyait pas à la médecine, et il résolut d’aller à Chambon pour s’entendre avec un jeune homme qui ne lui avait paru manquer ni de savoir ni de prudence, un jour qu’il l’avait consulté sur une indisposition légère. Il lui confierait sous le sceau du secret la situation du marquis, l’engagerait à venir au château le lendemain sous prétexte de vendre un bout de