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je reconduirai l’animal à André. Vrai ! je serai charmée de courir seule, et je souffrais de vous voir si affreusement secoué.

— Oh ! ce n’est pas cela, répondit le duc résolu à forcer le trait. Je ne suis pas encore d’âge à redouter un cheval dur ; mais je me souviens que madame d’Arglade arrive ce soir.

— Mais non ! demain.

— Ce n’est pas sûr, dit le duc avec attention.

— Ah ! peut-être êtes-vous mieux informé que moi.

— Peut-être, chère amie ! Madame d’Arglade… Enfin, suffit…

— Ah ! vrai ? répondit Caroline en riant. Je ne savais pas. Allez vite alors ; je me sauve, et je vous remercie encore un million de fois de votre complaisance pour moi.

Elle allait lancer son cheval, le duc la retint. — Ce n’est pas poli au moins, lui dit-il, ce que je fais là !

— C’est mieux que poli, c’est très-aimable.

— Ah ! vous aviez assez de ma compagnie ?

— Ce n’est pas là ce que je veux dire. Je dis que votre impolitesse est une preuve de confiance, et que je vous en sais gré.

— La trouvez-vous jolie, madame d’Arglade ?

— Très-jolie.

— Quel âge a-t-elle au juste ?

— Mon âge à peu de chose près. Nous avons été ensemble au couvent.

— Je le sais. Vous étiez grandes amies ?