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marquise en l’examinant, et le duc a raison. Vous êtes très-changée. Il faut prendre le frais tout de suite, ou vous retirer chez vous peut-être. Il fait trop chaud ici. J’attends toute une bande de voisins ce soir. Je n’ai pas besoin de vous, je vous donne campo.

— Savez-vous ce qui vous remettrait ? dit le duc à la pauvre Caroline, vivement contrariée de l’attention dont elle était l’objet ; vous devriez monter à cheval. Ce petit quadrupède rustique dont je vous ai parlé tantôt a un bon caractère et des jambes parfaites. Voulez-vous en essayer ?

— Toute seule ? dit la marquise. Un cheval non dressé ?

— Je suis sûr que mademoiselle Caroline s’amuserait, dit le duc. Elle est brave, elle n’a peur de rien, je sais cela. D’ailleurs je la surveillerai, je réponds d’elle.

Il insista tellement que la marquise demanda à Caroline si réellement cette course à cheval serait de son goût.

— Oui, répondit-elle, entraînée par le besoin de secouer l’oppression dont elle se sentait navrée. Je suis assez enfant pour que cela m’amuse ; mais un autre jour vaudrait mieux. Je ne voudrais pas me donner en spectacle aux personnes que vous attendez, d’autant plus que mon début sera probablement très-gauche.

— Eh bien ! vous irez dans le parc, dit la marquise : il est assez profond en ombrage pour qu’on n’y voie