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— Tout le monde la dit charmante ; mais si elle ne me plaît pas ? Ne dis pas qu’il n’est pas nécessaire d’adorer sa femme, qu’il suffit de l’estimer et de la savoir agréable. Je ne veux pas discuter là-dessus, c’est inutile. Ne voyons que la question de se faire agréer. Si je n’aime pas, je ne saurai pas me faire aimer, et dès lors je n’épouserai pas.

— On dirait vraiment que tu comptes là-dessus ! s’écria le duc avec un vrai chagrin, Ah ! ma pauvre mère qui est si heureuse de son espérance ! Et moi qui me croyais absous par la destinée ! Urbain, il faut donc que nous soyons maudits tous les trois ?

— Non ! répondit le marquis ému ; ne désespérons pas. Je travaille à modifier mon farouche caractère. Sur l’honneur, j’y travaille de tout mon pouvoir ; je veux mettre fin à cette existence agitée, stérile ! Donnez-moi l’été pour triompher de mes souvenirs, de mes doutes, de mes appréhensions ; vrai ! je veux vous rendre heureux, et Dieu viendra peut-être à mon secours.

— Merci, frère, tu es le meilleur des êtres ! répondit le duc en l’embrassant encore. Et comme le marquis était ébranlé, il l’emmena promener pour le distraire de son travail et pour le maintenir dans ses bonnes dispositions.

Il fit alors ce qu’Urbain avait fait pour le conquérir le jour de leur première effusion. Il se fit faible et souffrant de cœur pour ramener chez lui la force et la volonté. Il exprima vivement ses remords et le