Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/126

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mais soucieux, préoccupé, et Caroline le trouva excessivement froid avec elle. Il se plongea vite dans ses études favorites, et on ne le voyait point paraître avant l’heure du dîner. Cette manière d’être fut d’autant plus sensible à mademoiselle de Saint-Geneix que le marquis semblait faire plus d’efforts que par le passé pour se tenir ferme dans la discussion avec sa mère, et cela à la grande satisfaction de celle-ci, qui ne craignait au monde que la préoccupation et le silence si bien que Caroline, ne se voyant plus nécessaire pour donner le coup de fouet à cette causerie, et croyant remarquer qu’elle paralysait le marquis plus qu’elle ne le servait, fut moins assidue à profiter de sa présence et s’autorisa à se retirer le soir de bonne heure.


IX


Lorsqu’au bout d’une autre semaine le duc arriva à son tour, il fut surpris de cet état de choses. Fort touché de la lettre que son frère lui avait écrite de Polignac, mais devinant qu’il y avait en lui plus de lutte contre lui-même que de parti pris, il avait à dessein retardé son apparition, afin de donner l’isolement et à la liberté de la campagne le temps d’agir sur les deux cœurs qu’il avait cru émouvoir par ses