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vaillé au bonheur d’autrui, elle mérite qu’on travaille au sien. Espérons qu’elle deviendra digne d’être aussi quelque jour une heureuse épouse.




SCÈNE V


À la porte du prieuré


Le public est en train de sortir.

ÉMILE, à Gérard. — Oui, monsieur, nous allons nous y rendre. Mes amis ont de la poussière plein les yeux, et se débarrassent de leurs blouses. Dans cinq minutes, nous serons au rendez-vous.

DIANE. — Il me tarde de les remercier du plaisir qu’ils m’ont donné. C’est charmant de décors, de costumes, de dialogue, de gaieté. Bref, je suis ravie de leur esprit, et je reviendrai bien certainement… Comment, Gérard, vous avez fait venir votre américaine pour m’épargner trois pas ?

GÉRARD, bas. — J’aimerais mieux vous porter dans mes bras, mais vous me refuseriez !

DIANE. — Eh bien, votre bras me servira au moins pour me conduire. Que la voiture suive. Allons à pied : il fait si beau !

GÉRARD. — Mais le chemin est bien raboteux !

DIANE. — Les chemins raboteux ! précisément je n’aime que ceux-là !

LE CURÉ DE SAINT-ABDON, entre ses dents, au curé de Noirac. — Ces belles dames qui se manièrent, ça mériterait d’être vivandières et de faire la retraite de Russie !

MADAME PATURON, à Polyte. — Attends donc que je mette mes socques ! Pardié ! tu auras beau les regarder, ces demoiselles, ça n’est pas pour ton nez ! C’est trop fier pour des gens comme nous, ce monde-là ! ça ne cause qu’entre eusse.

COTTIN, à Pierre. — Pour une jolie comédie, c’est une jolie comédie. J’ai ri mon soûl !