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ger, car il m’a l’air, ce jardinier, de regarder Jenny comme le camélia de ses rêves.

MAURICE. — C’est vrai ! Tiens, comme il la regarde ! Sais-tu que c’est amusant d’être où nous sommes ? Tous ces spectateurs qui se tournent le dos ne savent pas qu’en face d’eux nos yeux, braqués derrière cette tapisserie, saisissent tout ce qu’ils croient cacher ? C’est eux qui maintenant nous donnent la comédie. Je vois Gérard soupirer pour la belle Diane…

DAMIEN. — Bah ! il devrait la battre, la Diane…

EUGÈNE. — Je vois Pierre soupirer pour Maniche. Il y a de quoi faire tourner trois moulins !

MAURICE. — Et pour les filles de Ralph, qu’est-ce qui soupire ? Ce n’est pas Polyte Chopart, j’espère ?

EUGÈNE, — Ne parlons pas de ça. Ce sera peut-être nous, ce soir !

JEAN. — Monsieur Maurice, madame de Noirac a déjà bâillé trois fois. Vous devriez commencer, savez-vous ?

MAURICE. — Tu as raison ? Vite, Eugène ! Trois minutes pour relire ensemble le scénario ; et en avant la musique !





SCÈNE II


Dans le public, de l’autre côté de la tapisserie


GÉRARD, bas à Diane. — Est-ce que vous êtes triste… quand je suis si heureux, moi ?

DIANE, de même. — Non, Gérard ; je ne veux pas être triste. Ouvrez-moi donc mon flacon. Ces paysans sentent affreusement mauvais.

GÉRARD. — Ils sont cependant propres, le dimanche surtout. C’est l’odeur du gros drap dont sont faits leurs habits neufs.

DIANE. — C’est vrai, ça sent le mouton ; mais j’aimerais mieux autre chose. Donnez-moi donc mon bouquet ?

GÉRARD. — Vous me le reprenez déjà ?