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MAURICE. — Non.

EUGÈNE. — C’est qu’il est mort.

DAMIEN, qui s’est levé et qui regarde à la fenêtre. — Oui, pas mal ! Le voilà qui passe !

MAURICE. — Où donc ?

EUGÈNE. — Le curé de Saint-Abdon nous le rapporte ? Il ne peut pas venir à bout de son éducation ?

DAMIEN. — Ma foi, c’est elle, c’est bien elle !

(Maurice et Eugène courent à la fenêtre.)

MAURICE. — Qui donc, elle ?

EUGÈNE. — Ma foi oui, Myrto ! la perle des favorites de Satan !

MAURICE. — Comment, elle n’est pas partie ?

ÉMILE, à la fenêtre aussi. — Ou elle est revenue !

DAMIEN. — Allez donc écrire, vous ! Ça ne vous regarde pas.

EUGÈNE. — Mais enfin, qu’est-ce que ça veut dire, de la voir passer en carriole avec monsieur Ralph ?

DAMIEN. — Fi, le vilain ! au moment où sa légitime vient d’arriver !

ÉMILE — Je crois que je devine, car j’ai causé avec Jacques aujourd’hui, et dans ce qui se passe, il n’y a rien que de très-édifiant.

EUGÈNE. — C’est édifiant que l’Anglais enlève la lorette ?

ÉMILE. — Oui, s’il l’enlève au diable !

MAURICE. — Qu’est-ce que ça veut dire ?

ÉMILE. — Ça veut dire que le diable est mort, messeigneurs !

EUGÈNE. — Contez-nous ça ?

ÉMILE. — Je veux bien, si vous me promettez de ne pas tourner la chose en ridicule.

MAURICE. — En ridicule, l’Anglais ? et Jacques ? ma foi non, c’est impossible !

ÉMILE. — Eh bien donc, hier soir…

(Cinq heures sonnent.)

EUGÈNE. — Eh bien, hier soir ?

JEAN, entrant dans l’atelier avec une serviette sous le bras. — Ah çà ! Venez-vous dîner, messieurs ? Tout est paré !