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plus fort dans son amour que celui qui ne l’aurait pas. Quand on aime, vous appelez ça de la faiblesse, vous, madame ? Moi, je pense que c’est tout le contraire. Qu’est-ce que ça fait que l’esprit soit faible, si toute la force est dans le cœur ?

DIANE. — Tu as raison, Jenny, et je voudrais être persuadée par toi ; mais Gérard m’attend et Florence est revenu. Tous deux m’aiment, et si je suis portée à aimer davantage celui qui m’aime le moins, ce n’est pas ma faute.

JENNY. — Alors, madame, il ne faut pas recommencer l’histoire que vous venez de me raconter ; il faut être franche et renvoyer celui des deux que vous aimez le moins.

DIANE. — Alors, ne me dis donc pas que Gérard se tuera ; car, en vérité, je ne sais que faire !




SCÈNE VI


Dans le parc


JACQUES, RALPH.

JACQUES. — Non, je ne suis pas fatigué, et il m’arrive bien souvent de passer la nuit auprès d’un malade sans le devenir moi-même. Eh bien, j’ai soigné une âme malade ; je ne l’ai peut-être pas sauvée ; je ne me flatte pas encore d’une cure si merveilleuse et si soudaine ; mais je l’ai beaucoup soulagée, et, à présent, le médecin a quelque espérance.

RALPH. — J’en ai plus que vous, j’en ai tout à fait. Il y a d’après tout ce que vous m’avez raconté, un grand fond à faire sur cette nature-là. Et la vérité est si bonne, que si on en goûte un peu, on ne s’arrête pas volontairement au milieu de la coupe.

JACQUES. — Les meilleurs aliments soulèvent le cœur des malades ! Ne chantons pas victoire. Attendons, et que notre zèle ne s’endorme pas. Le premier point, c’est de ne